La cuisine rationnée. Nourrir un peuple et une armée 1914-1918

La cuisine rationnée. Nourrir un peuple et une armée 1914-1918

Oui j'aime les livres de cuisine. N'empêche que mes préférés sont ceux de la matière historique! La cuisine rationnée est une perle qui gagne à être connue par tous les férus d'histoire. Comment se nourrissaient les gens et l'armée pendant la Première Guerre mondiale? Marcelle Cinq-Mars a eu l'idée géniale de composer ce livre à la manière d'un vrai livre culinaire et d'y inclure des recettes originales pour le civil ainsi que pour un régiment de cent hommes. Vous saurez entre autres d'où vient la margarine, ce qu'il advenait de poules qui ne pondaient pas assez, pourqu'oi il fallait conserver les os et la graisse des aliments... Et vous épaterez vos proches en faisant un pain de viande sans viande et un gâteau sans œuf ni sucre!

Shannon Desbiens, Les Bouquinistes, Le libraire, avril-mai 2012.

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Le livre s'ouvre sur une citation extraité de L'Illustration, en mars 1917 : «La victoire, dira un économiste, appartiendra à celui des deux belligérants qui aura, dans ses dernières réserves, un mois de vivres de plus que l'autre». Cette étude est donc consacrée à une question essentielle : comment nourrir l'armée canadienne en campagne au-delà de l'océan (sachant que la nourriture «est l'une des bases fondamentales du légendaire moral des troupes») ET la population en métropole, alors même que la production chute et que les échanges diminuent ?

 

Pour la mener à bien, Marcelle Saint-Mars nous propose de suivre, à travers l'exemple du Canada, un plan original : celui d'un repas, ou d'un menu, des "Entrées, soupes et salades" aux "Desserts" et aux "Epices et condiments". Tous les domaines de la production agricole sont passés au crible, qu'il s'agisse des difficultés de production, des campagnes d'économie, du nécessaire rationnement, de l'émergence des produits de substitution. La question des transports transatlantiques entre le Canada est l'Europe est abordée, tout comme celle de l'alimentation du territoire britannique insulaire lui-même grâce aux efforts de l'Empire. Plus original encore, le livre est ponctué de recettes et vous n'ignorerez plus rien, après sa lecture, de la réalisation d'une salade au fromage ("La salade est une excellente façon d'utiliser les restes") pour ... 100 hommes, ou de la préparation de galettes de poisson pour le même effectif, sur la base de "10 boîtes de bully-beef, 10 boîtes de hareng", quelques croutons de pain et des pommes de terre, le tout à "faire frire dans du gras chaud".

Enfin, le livre est très richement illustré avec des affiches, des tracts, des coupures de presse, des photos qui mettent en relief l'importance des efforts des agences gouvernementales pour parvenir à assurer ce besoin élémentaire de l'homme : manger.

 

Sous un aspect plaisant, presque anecdotique, une vraie étude de fond qui apporte de très nombreux renseignements.

 

Rémy Porte. 26 octobre 2012